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Pluie (La)

  • Pluie (La)
Genre : Danse
Pays principal concerné :

Compagnie El Ajouad Oran- Algérie
D'après le roman "la pluie" de Rachid BOUDJEDRA
Adaptation théâtrale : Eddy PALLARO
Mise en scène : Kheireddine Lardjam
Création : mi janvier 2008 au forum scène conventionnée du Blanc Mesnil
Parcours de la compagnie El Ajouad
Créée à Oran (Algérie) en 1996, par Kheireddine LARDJAM, la compagnie "El ajouad" (les généreux), se consacre à la découverte et à la diffusion des textes d'auteurs contemporains et en particulier d'auteurs algériens.

El Ajouad est née, en pleine décennie noire de terrorisme aveugle, de la volonté de jeunes algériens, qui ont choisi le théâtre non seulement pour s'exprimer mais aussi pour résister contre l'obscurantisme et l'oppression dominante.

La découverte de l'écriture du dramaturge Abdelkader Alloula, assassiné en 1994 par des terroristes islamistes, a influencé le parcours artistique de la compagnie.

L'écriture d'Abdelkader Alloula l'a marqué : Alloula parle du quotidien, mais aussi du combat de tout un peuple. Depuis, Kheireddine Lardjam a mis en scène 5 textes d'Alloula, pour s'orienter ensuite vers la découverte d'autres auteurs contemporains algériens, trop souvent inconnus en dehors des frontières de l'Algérie Depuis 2001, la compagnie vient régulièrement en France présenter ses dernières créations.

En 2003, la compagnie El Ajouad est accueillie dans le cadre de l'année de l'Algérie en France. C'est la plus grande tournée en France réalisée par une compagnie algérienne depuis 1962 (date de l'indépendance de l'Algérie). Cette tournée lui a permis d'être repérée par des professionnels en France et de nouer des compagnonnages avec des théâtres comme le forum culturel-scène conventionnée-du Blanc Mesnil, qui a coproduit trois créations de la compagnie, et l'ARC la scène nationale du Creusot.

La Compagnie El Ajouad est jumelée avec la compagnie La mauvaise graine dirigée par Arnaud Meunier. Une création, réunissant les comédiens des deux compagnies, a vu le jour en 2003 (autour des textes "les généreux" et "les dires" de Alloula) et a tourné sur plusieurs scènes en région parisienne.

Note d'intention
Par Kheireddine LARDJAM
Une femme algérienne se questionne sur sa vie et revisite les moments qui l'ont constituée depuis sa puberté, origine de sa douleur. Elle nous entraîne dans les profondeurs de la nuit, vers des zones de faille où l'âme se replie. C'est le journal intime d'une femme algérienne contemporaine "J'arrête de griffonner sur le papier. La page est comme échardée, grêlée par les signes de ma minuscule écriture"…
Mots courts. Brefs. Concis. Neutres. Saccharinés. Futiles".

Insomniaque, elle remplit ses nuits en déroulant le ruban de sa mémoire.

Les traumatismes successifs qui balisent son existence, sont autant de motifs qui aiguisent sa tentation du suicide "Une nouvelle fois je suis prise par mes frayeurs. Un sentiment d'étrangeté et de fluidité s'empare de moi. La sueur imprègne mon corps... aucune possibilité de fuite sinon dans le repli sur moi-même et l'enroulement sur mon propre être".

Chaque page est une plongée dans les affres de la vie quotidienne, famille, sexualité, amour, et société confondue "Vision d'enfer" "Cauchemar sur cauchemar".

La peur et l'angoisse constantes immobilisent le temps, et le figent dans une atmosphère de macération fétide. L'épaisseur psychologique élabore la densité du texte. Elle se veut comme le contrepoint d'une écriture fragmentée, toujours tâtonnante, à la recherche du mot juste, livrant une langue forte et crue. L'adaptation théâtrale de ce texte sera fidèle à l'écriture de Boudjedra c'est pourquoi je l'ai confiée à mon compagnon de route Eddy Pallaro avec lequel je collabore depuis 2002.

L'écriture d'Eddy Pallaro est nourrie par ses multiples voyages en Algérie.

Son écriture est très proche de celle de Rachid Boudjedra dans sa sensibilité et sa véhémence.

J'ai choisi de monter cette pièce avec une comédienne algérienne Malika BelBey avec laquelle j'ai déjà travaillé sur "les justes" d'Albert Camus et une comédienne française, Cécile Coustillac, avec laquelle j'ai déjà travaillé, en assistant Arnaud Meunier à la mise en scène de "Pylade" de Pier Paolo Pasolini.

Malgré leurs différences culturelles et sociales, beaucoup de choses les réunissent en tant que femmes et peuvent faire échos à l'universalité du texte. Toutes deux seront présentes sur scène du début à la fin, chacune jouant autant de sensibilité de visages inattendus de cette femme. Le jeu des actrices s'orientera autour de dualités : le visible et l'invisible, l'aliénation et la raison, le "Je" et le "Nous".

Deux comédiennes qui pourraient être les deux faces de cette femme.

Un travail chorégraphique engagera les corps des comédiennes. Ainsi la danse accompagnera la parole dans une expérience du dire, du voir, et du ressenti. Elle exprimera un cri dont la fêlure se loge dans le corps de cette femme, une colère désemparée, se heurtant au vide de la solitude.

Pour cela, j'ai choisi de travailler avec Nacéra Belaza, qui dans son travail et dans ses spectacle exprime cette idée. Ce texte écrit par un homme, mis en scène par un homme, doit se confronter à un moment donné au regard d'une femme, en l'occurrence celui de cette chorégraphe.

Ce regard d'une femme sur le corps d'une autre femme, à travers la chorégraphie, est une étape importante dans mon travail.

Sans nul autre décor que son environnement- chambre, fenêtre, végétation extérieure seront seulement suggérés- elle se déplacera dans un enchevêtrement d'espaces sonores et sensoriels, aux parois invisibles et mouvantes. Seuls les mouvements de son corps, souples ou fragmentés, phrasés, rythmés, révèleront peu à peu les constructions mentales de la jeune femme, et le rapport qu'elle entretient avec lui, tantôt subi, tantôt moteur, tantôt ami, tantôt ennemi.

Une surface d'eau sur laquelle évolueront les deux interprètes, composera l'essentiel de la scénographie "Je regarde la pluie se déverser sans interruption. Le goût de la terre gorgée d'eau me monte à la bouche. J'ai horreur du beau temps sec. Je regarde les grosses gouttes pluvieuses qui glissent sur les vitres des fenêtres. C'est la saison des pluies... les gouttes d'eau s'étirent, se tordent et dérapent... il ne cesse pas de pleuvoir".

L'eau omniprésente dans le roman accompagne chaque récit nocturne.

Elle est la métaphore de ce désir d'effacement de la mémoire douloureuse. Et pourtant la mémoire reste vivante et critique "Lavez, lavez l'histoire des peuples aux hautes tables: les grandes annales officielles, les grandes chroniques du clergé...

Lavez, lavez 0 Pluies! Les hautes tables de mémoire" (Saint John perse).

Ce projet est né de la rencontre d'artistes d'horizons différents, de langues et de cultures différentes. Entre hommes et femmes. Entre la scène et l'image. Entre le spectacle et la vie.

Intention de travail entre l'auteur et le metteur en scène
Dans "La pluie", le roman, une femme dans sa chambre lit, rature, corrige, écrit, relit son journal intime. Elle ressasse son passé et tente de l'organiser. Pendant ce temps, la pluie tombe. La végétation à l'extérieur se densifie et devient étrangement menaçante.

Dans "La pluie", l'adaptation, la scène sera le lieu de convocation de ce passé, le rappel des faits, des sensations et des figures familières.

Il faudra que la parole traduise l'état intérieur de cette femme, sa confusion, son incompréhension face à la violence sociale, familiale, et masculine.

Sa parole devra être vitale, rythmée, brute, sèche, crue, à l'image du roman ; elle devra traduire aussi les méandres et l'enfermement de la pensée.

Il faudra traduire la douleur et son expression drue.

Il faudra traduire l'enfermement et l'isolement, la menace extérieur.

Il faudra traduire la peur de l'aliénation et la recherche d'une issue.

Il faudra traduire l'enchevêtrement, la collision des événements et des figures.

Il faudra traduire le caractère infini et ouvert de la mémoire, et le deuil difficile du passé.

* Après ce travail, une cession réunira les deux comédiennes, l'auteur de l'adaptation et le metteur en scène. Cette période de recherche permettra de distribuer la parole de cette femme algérienne en deux partitions, chacune des partitions questionnant l'autre, comme un miroir. Les deux comédiennes seront présentes sur scène du début à la fin, chacune jouant autant de sensibilités et de visages inattendus de cette femme.

Les partitions achevées et définies, un travail chorégraphique engagera les corps des deux comédiennes. Ainsi la danse accompagnera la parole dans l'expérience du dire, du voir, et du ressenti. Elle exprimera un cri dont la fêlure se loge dans le corps de cette femme, et participera à révéler le rapport qu'elle entretient avec lui.

Sans véritable décor - chambre, fenêtre, végétation extérieure seront seulement suggérés- les comédiennes se déplaceront dans un enchevêtrement d'espaces sonores et sensoriels, aux parois invisibles et mouvantes.

Une surface d'eau sur laquelle évolueront les deux interprètes composera l'essentiel de la scénographie. L'eau, omniprésente dans le roman, sera la métaphore de ce désir d'effacement de la mémoire douloureuse.

Distribution artistique de la pièce : "La pluie"
Auteur : RACHID BOUDJEDRA
Adaptation théâtrale : EDDY PALLARO
Mise en scène : KHEIREDDINE LARDJAM
Scénographie : CAMILLE DUCHEMIN
Direction chants : KOUTI NASSIM
Chorégraphe : NACERA BELAZA
Création Lumière : CHAKER MAHDJOUB
Comédiennes : MALIKA BELBEY
CECILE COUSTILLAC

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