L'histoire coloniale est-elle utile pour comprendre la société française du XXIe siècle ? Vivons-nous dans une société postcoloniale ? Avons-nous pris en compte tout ce que le passé colonial pouvait nous apprendre ? Ce qui semble une évidence dans les recherches universitaires anglo-saxonnes, a toutes les apparences d'une transgression en France.
Le débat lui-même semble parfois impossible. Existe-t-il une "fracture coloniale", aux multiples facettes, à l'œuvre aujourd'hui dans notre société ? A l'issue d'une enquête menée à Toulouse en 2003, les auteurs de cet ouvrage ont souhaité mettre à l'épreuve les articulations entre période coloniale et situation postcoloniale en invitant les meilleurs spécialistes d'horizons scientifiques aussi différents que la sociologie, l'histoire, la philosophie, la science politique ou la démographie.
Dans des domaines aussi divers que les relations intercommunautaires, la ghettoïsation des banlieues, l'intégration des immigrés postcoloniaux, la conception de l'histoire nationale, l'action humanitaire, la place des Dom-Tom dans l'imaginaire national ou les débats au cœur de la laïcité sur l'islam de France, le concept de fracture coloniale est interrogé. La période coloniale semble ainsi le "creuset" de modèles qui ne sont toujours pas déconstruits.
Bien sûr, il n'y a pas de reproduction aujourd'hui, terme à terme, de la situation coloniale, mais des métissages, des croisements entre des situations issues de la colonisation et notre contemporaine modernité.