SPLA : Portail de la diversité culturelle
Mtandao wa Sanaa Kenya

Ishumar

  • Ishumar
Date de sortie : Dimanche 01 octobre 2006
Rubrique : Musique

Les Touaregs occupent un immense territoire qui court du Sud libyen au Sud algérien et rejoint la frange sahélienne au nord du Mali, du Niger et du Burkina Faso.
Au cours des années 1970, la société touarègue a connu de profondes transformations qui ont affecté son économie pastorale et sa vie politique. Au moment de la décolonisation a la fin des années 1960, les Touaregs avaient, en vain, manifesté leur refus de voir leur territoire rattaché à ceux des Etats du Mali et du Niger nouvellement créés.
Au fil des années, la politique répressive adoptée par ces deux gouvernements va radicaliser les oppositions des nomades. Ils seront en plus durablement touchés par des crises climatiques, économiques et politiques qui contraindront des pans entiers de la société touarègue à l'exil dans le sud de l'Algérie et de la Libye et en Mauritanie.Ces exilés vont peu à peu élaborer une critique politique de la société Touarègue appelée tanakra (l'éveil, le soulèvement) qui fonde sa ligne de pensée et d'action sur le principe de la libération armée des régions touarègues du Mali et du Niger et sur un projet politique d'auto-détermination.

Les ishumar, entre politique, musique et poésie

Pendant les années 1980, Tamanrasset -qui concentre le plus grand nombre de ces réfugiés- devient l'épicentre du territoire trans-étatique dessiné par l'itinérance des ishumar. On va y prendre l'habitude de désigner les jeunes touaregs en quête de travail par le terme ishumar, au singulier ashamur, terme emprunté au français chômeur. En 1979, le mouvement politique touareg se structure grâce au soutien intéressé de Kadhafi. Ces jeunes chômeurs deviennent apprentis soldats et se forment aux techniques modernes de combat, le sens du mot ashamur perdant peu à peu sa référence au désoeuvrement pour prendre des connotations de militance et d'engagement et pour enfin représenter l'émergence d'une figure héroïque renouvellée, aux positions politiques en confrontation ouverte avec l'Etat. Commence alors une décennie d'activisme acharné, de préparatifs et de revers, d'unions et de divergences. L'offensive de la rébellion touarègue aura lieu en 1990.
C'est en Libye, parmi les jeunes touaregs impliqués dans le mouvement politique naissant, que se forme en 1980 le premier groupe de musique de guitare ishumar autour de Intiyeden et de Ibrahim Abaraybone. Leurs chansons décrivent le mode de vie particulier des ishumar et formulent de vibrants appels à la mobilisation de la jeunesse restée au pays.Du point de vue du répertoire touareg, le genre shumera naissant a concurrencé le genre traditionnel du tindé. Pourtant, le tindé, genre musical féminin, est resté pour de nombreux musiciens ishumar, un genre de référence. Ce mot désigne à la fois le tambour ­ mortier sur lequel on tend une peau humide ­ et la performance collective des femmes qui mêle chant et rythme syncopé au tambour. Parées de leurs bijoux et habits de fête, installées en cercle autour du tambour, les femmes chantent au milieu du carrousel formé par les cavaliers évoluant du haut de leurs plus beaux chameaux.
Dans les bidonvilles, se multiplient des soirées festives où les musiciens se produisent au gré de leurs pérégrinations ou de l'implantation du mouvement clandestin qui navigue et perdure tant bien que mal, entre le sud de la Libye et le sud de l'Algérie. Pendant ces soirées, les chansons sont enregistrées sur des cassettes audio, inlassablement dupliquées, échangées ou offertes qui vont porter la parole shumera dans tous les recoins du pays touareg dans les campements comme dans les villes. Elles joueront un rôle majeur dans la mobilisation politique des jeunes et dans l'information donnée sur les objectifs du mouvement armé en présentant en courtes chroniques les aventures des ishumar et dénonçant la politique répressive des Etats contre les nomades.
Aujourd'hui, après plus de 15 ans d'interdiction de diffusion de leur musique levée en 1995, les chanteurs ishumar continuent de formuler des critiques à l'encontre de la situation régionale ou nationale des Touaregs et dénoncent la misère annoncée des générations à venir. Les critiques les plus acerbes stigmatisent les renoncements et pointent l'irresponsabilité des Etats ainsi que de certains cadres dirigeants politiques touaregs. Cette musique s'adresse ainsi avant tout à la société touarègue elle-même et connaît un succès immense au pays touareg.

Groupes

1 fiches

Partenaires

  • Kenya : Arterial Network chapter
  • Kenya : Ketebul Music
  • Kenya : Studio Vista Network
  • Kenya : Kuona Trust
  • Kenya : The Theatre Company

Avec le soutien de